lundi 30 décembre 2013

Igor MITORAJ sculpteur

mitoraj3

Mitoraj ne choisit que les blocs de marbre blanc afin de conserver l’idée de pureté sans chercher à distraire par la joliesse ou l’effet facile du marbre coloré.
Une pureté qu’il cherche également à évoquer par l’utilisation d’autres matériaux tels la terre cuite ou le bronze, pour retrouver la volonté de perfection qui animait les anciens:
Dans une sculpture existentialiste, Mitoraj recherche la compréhension de la vie, de la mort; les bandelettes symbolisent les liens, la souffrance, les morsures qui écorchent l’homme mais ne constituent pas son seul univers. Il réinvente alors « un nouveau rapport entre les sensations vécues du quotidien et l’esthétique d’un drame qui met en scène l’homme face à son éternité ».

«La vraie nature de l’homme est de retrouver l’homme tel qu’il est: bien que conscient de toutes les déviations de l’esprit qui le conduisent au crime, à la guerre, à la drogue, je choisis de glorifier la beauté.

Nous ne sommes pas tous perdus ni déracinés et il reste beaucoup d’espoir, je voudrais alors que mes sculptures soient des objets de contemplation qui deviennent familiers et permettent de se retrouver soi même par la confrontation avec l’idée de perfection».

vendredi 20 décembre 2013

existe t-il un art sacré ?


La difficulté principale ne se situe-t-elle pas dans ce à quoi renvoie l’adjectif « sacré » ? 


Première hypothèse : s’il se relie directement à « art », ou bien nous parlons d’une forme artistique qui a connu un plein épanouissement durant la période médiévale ou bien nous affectons à l’activité artistique une dimension toute spéciale qu’il nous faudra définir.


 Seconde hypothèse : « sacré » détermine non pas une technique ou un savoir-faire propre à l’être humain mais l’accès au divin, à l’absolu, à la transcendance. En quelque sorte un art vers le sacré. Ce décalage de sens ne permet-il pas de mieux envisager l’art en tant que tel et d’offrir une passerelle enrichissante entre le profane et le sacré ?  

samedi 14 décembre 2013

Du spirituel dans l'art !

    Promenade au bord du vide…  
Le vide médian comme lieu et condition
de la communication 
entre l’humain et le divin
François Darbois 


L’homme est un être communiquant, c’est le donné fondamental de son mode d’existence dans le monde. Mais nous pouvons communiquer de bien des manières : par le geste, la parole, l’image, la sexualité, l’art, l’écriture, la peinture ou le musique. Nous pouvons communiquer avec autrui, mais également avec soi-même, avec Dieu, qu’il soit au dehors ou au-dedans de nous, cet au-delà de soi-même. La méditation par exemple est un chemin vers la communication avec soi même et avec le divin au plus profond de soi. Comme le disait Yehudi Menuhin : «  Il n’est pas nécessaire de méditer au nom de Jésus, de Bouddha ou de quoi que se soit. Il suffit de méditer. » Tout simplement. Méditer est un acte de communication de soi-même avec sa propre conscience. « Si on médite au nom de quelqu’un, l’on n’est plus vraiment libre. Disons que c’est une forme de prière, de religion, de soumission… Très peu pour moi ! » écrit André Compte Sponville. « Méditer au nom de Jésus ou de Bouddha, c’est toujours s’éloigner de ce que Simone Weil appelait « l’attention pure ». Cette prière ne demande rien, elle est sans mot, « pure présence à la présence ce que l’on peut vivre de plus haut en matière de spiritualité ».

 Mais, si cette communication humaine est nécessaire pour vivre ici maintenant ensemble, l’essentiel est son accomplissement dans une communion des personnes. La communication n’est pas un absolu ni un nouveau dieu qu’il nous faudrait adorer et servir comme le prétendent les média, la publicité et tous les pouvoirs politiques ou religieux. Sinon ce nouveau dieu ne manquerait pas de nous asservir, comme c’est le cas avec la musique chez beaucoup de nos jeunes aujourd’hui. On pourra toujours prendre ses distances dans un regard purement critique et extérieur sur la communication humaine, on s’expose à ne pas la comprendre dans sa profondeur spirituelle si on ne discerne pas ce pour quoi elle est appelée dans son être profond. L’extériorité de toute communication n’est qu’un moyen vers un but plus intérieur, être ensemble rassemblé dans la vérité, la liberté et le respect de chacun.

L’expérience spirituelle de même ne peut s’entendre qu’au dedans et à travers l’expérience d’une vie humaine. De même l’expérience humaine de la communication ne peut se comprendre sans cette dimension spirituelle de la communion des consciences. Comme toutes les grandes œuvres d’art, on ne peut les comprendre vraiment qu’en entrant soi-même dans l’émerveillement qui les a vu naître, comme l’exprime Rainer Maria Rilke : « La solitude qui enveloppe toutes les œuvres d’art est infinie, et il n’est rien qui permette de moins les atteindre que la critique. Seul l’amour peut les appréhender, les saisir et faire preuve de justesse à leur endroit. » Sans ce vide médian, fait de silence et de détachement dans la communication elle-même, son accomplissement humain dans la communion des personnes ne peut advenir. La communion est le but fondamental d’une communication véritablement humaine, sinon c’est de la communication pervertie et bafouée à des buts simplement commerciaux, politiques ou religieux.



darbois.francois.free.fr/publications.../promenade_au_bord_du_vide.htm




mercredi 4 décembre 2013

L'art substitut du sacré suite..

La musique est-elle l’art du sacré ?

Deux arts ont une connexion particulière avec le sacré : la musique et l’architecture. Cette dernière renferme un sacré hypothétique de par sa fonction d’habitation. La musique est son, elle est délivrée du contenu intelligible, c’est un art pur de l’évocation, comme d’ailleurs l’architecture. Qu’y a-t-il derrière le bâtiment ? On n’en sait rien. La peinture ne peut pas être dans l’évocation pure qui est le registre de la musique.
Ce qui compte dans les cantates de Bach, c’est la musique et non le texte. Le miracle de cette musique religieuse, c’est qu’on peut être le plus athée, le plus agnostique, le plus indifférent à toute dimension religieuse consciente, et pourtant le sens religieux de ces œuvres parle à n’importe qui aujourd’hui encore.

Vous valorisez l’art comme substitut du sacré mais l’art est-il possible dans un monde désenchanté ?


Le désenchantement désigne l’absence de religieux, or quelque chose résiste. Ce quelque chose est exemplairement évoqué par l’art. L’histoire de l’art occidental témoigne d’un phénomène déterminant qui explique la crise actuelle de l’idée d’art. Sur une très longue durée, l’art se développe à l’intérieur de la religion, il s’autonomise tout en entretenant une énorme connivence avec sa source religieuse – regardez la part gigantesque d’œuvres religieuses dans le répertoire musical ; des compositeurs qui n’avaient rien de dévot ont voulu écrire de la musique religieuse-, il emprunte énormément de l’image de ses pouvoirs, il fournit une sorte de succédané profane au religieux.
Dès lors que l’on raisonne dans cette perspective, on comprend que l’art va profondément souffrir de la déperdition d’emprise du religieux. Au fur et à mesure que le religieux recule, on peut dire que la magie, le prestige, le charme – vous aurez noté que tous ces termes sont d’origine religieuse – des arts s’estompent.
Si l’on essayait de donner une définition brève de la crise de l’art aujourd’hui, je crois que la meilleure consisterait à dire que l’art ne peut plus emprunter au religieux et qu’il doit inventer par lui-même les moyens de ce commerce avec l’invisible, uniquement à partir de son propre fonds, ce qui est évidemment une tâche redoutable. L’éclipse du religieux rend la tâche de l’art beaucoup plus difficile mais en même temps le rend encore plus irremplaçable.


Pour beaucoup de gens aujourd’hui, la vie dans l’art est un moyen de vivre religieusement sans se l’avouer. On trouve dans le monde de l’art une dévotion, une implication spirituelle profonde sans que les acteurs en soient forcément conscients

suite de cet article en cliquant sur le lien ci dessous 

mercredi 27 novembre 2013

L’art, substitut du sacré suite..


. ...de la rencontre avec le philosophe Marcel Gauchet autour de la place de l’art dans notre société moderne.

Comment le statut de l’artiste s’est-il modifié au cours de l’histoire ?
L’artiste n’est au départ qu’un artisan, mais un artisan que la reconnaissance de l’autonomie de ses produits, en fonction de la sortie de la religion, va élever au rang d’une sorte de prêtre, de médiateur, de prophète, de truchement. C’est par son intermédiaire que s’incarne une sorte de puissance formatrice, créatrice, d’objets différents des objets ordinaires. Cela définit l’âge classique de l’artiste.
L’artiste démiurge relève de l’idée même d’art. L’art est pensé comme une catégorie particulière, depuis son émergence en Italie à partir du XIIIsiècle et ce, jusqu’au romantisme.

 L’artiste est un créateur. Il a cette capacité d’amener, à l’image de Dieu, de nouveaux objets à la vie. En cela, l’art est pris dans une catégorie plus générale qui renvoie aux produits de l’artifice humain. 

L’art est d’une certaine manière le prototype de l’artifice humain qui justifie le parallèle de l’homme avec Dieu. Il fait surgir les choses du néant. La différence entre l’artiste et l’artisan, c’est que l’un crée authentiquement, alors que l’autre ne fait que transmettre ou transformer. 
L’artiste, lui, fait passer une conception intellectuelle dans un objet matériel.
L’histoire de l’art est commandée par une concurrence entre les différentes formes de l’artifice humain. Le monde de l’industrie, en démultipliant la présence d’artifices humains de plus en plus sophistiqués, relativise la portée de la création artistique. L’artiste était pour ainsi dire la figure de proue, d’avant-garde, il se réduit à n’être plus qu’un créateur parmi d’autres. La modernité qui, sur certains plans, valorise extraordinairement l’art, le dévalue sur le plan de sa signification anthropologique. Mais l’œuvre d’art demeure néanmoins quelque chose de très différent des autres formes de l’artifice humain, étant investie d’un pur contenu idéal, d’où cette connivence avec le sacré.

prochainement la suite de cet interview !  
La musique est-elle l’art du sacré ?

mercredi 20 novembre 2013

L’art, substitut du sacré

suite de l'interview du philosophe Marcel GAUCHET


Où se situent l’artiste et l’œuvre d’art au sein de cette philosophie ?


L’œuvre d’art a une vocation particulière à fonctionner comme un analogue ou un substitut des objets sacrés, qui sont au départ des objets religieux. Son statut est de sortir de l’ordinaire. Elle n’appartient pas à l’ordre des artefacts techniques communs, elle est extraordinaire au sens strict. Il y a eu beaucoup d’art sacré – l’attestation du divin, dans les lieux de culte – mais, au-delà de l’art sacré, il y a une connexion particulière de l’art – en tant que catégorie d’objets à part – qui lui donne une proximité naturelle, une vocation à accueillir le sacré. Cela explique beaucoup de choses de l’art dans nos sociétés post-sacrées : à mes yeux, il n’y a plus de sacralité, de sacré au sens exact dans le monde où nous sommes, y compris pour les croyants. Je parle bien sûr de l’Europe, on pourrait discuter des autres aires culturelles, mais en Europe je ne vois plus rien qui mérite la définition de sacré au sens strict. Sans doute les églises appellent-elles un respect particulier, davantage d’ailleurs au titre de pluralisme des opinions qu’au titre de la conviction. J’ai des doutes sur le fait que les catholiques croient encore à l’incarnation du Christ dans l’eucharistie mais c’est un vaste débat, voire un sujet de controverse !
D’une manière générale, nous avons connu un mouvement de désacralisation. Les protestants ne croient plus que la Bible, la parole de Dieu, soit sacrée. En revanche, dans le cadre de l’islam, on peut tout à fait discuter du fait que le Coran représente encore un objet sacré, habité par la présence de Dieu. Mais ce monde désacralisé n’en donne que plus de relief et de force aux objets extraordinaires de l’art, et plus précisément à l’art, substitut du sacré. Dans le monde désacralisé, il n’y a que l’art qui puisse fournir un analogue ou un équivalent du sacré.


Comment le statut de l’artiste s’est-il modifié au cours de l’histoire ?

jeudi 14 novembre 2013

Marcel GAUCHET philosophe


L’art, substitut du sacré


Le sacré et le profane, tout au long de l’histoire, n’ont cessé de se contaminer, de composer l’un avec l’autre. 
Rencontre avec le philosophe Marcel Gauchet autour de la place de l’art dans notre société moderne 

Comment, aujourd’hui, appréhender le sacré ?


Marcel Gauchet : Cette notion de sacré est une notion à problème. Pour certains, il est la clé de tout, le sacré équivalant au religieux. Cela a des conséquences très importantes pour l’interprétation du monde contemporain puisque la religion au sens strict, avec son système de dogme, de culte, de rite, peut disparaître, et le sacré demeurer. Je fais partie d’une autre école qui tend à donner une définition très précise et très circonscrite du sacré.

Parler de sacré, à mes yeux, implique la présence de l’au-delà dans l’ici-bas. La présence, c’est la matérialisation, la concrétisation. Un lieu peut être sacré alors qu’il est habité par des puissances invisibles, peu importe la manière dont on conçoit ces puissances surnaturelles diverses. Un homme peut être sacré. De manière remarquable dans le monde moderne, l’incarnation du sacré a disparu.

 C’est très significatif : jusqu’à une date très récente, l’empereur du Japon était tenu pour sacré, au sens strict du terme. C’était un homme habité par la divinité, par le rattachement à l’au-delà.
Un objet peut être sacré, c’est le cas de l’eucharistie pour les catholiques puisqu’il y a objet physique parfaitement circonscrit qui est investi de la réincarnation du Christ. On est dans le sacré quand on a une attestation tangible de ce qui, normalement, relève d’un ordre indicible, extérieur à la sphère humaine et profane. 

Le sacré, c’est un lieu de rencontre entre le surnaturel et le naturel.Vous voyez, par rapport à cette définition stricte, comment le terme de « sacré » tend à être employé de manière métaphorique, dans notre monde désacralisé

Comment définissez-vous le spirituel par rapport au religieux ?

Le spirituel, c’est le religieux quand on n’a plus de nom pour le qualifier ! Une fois qu’on n’est plus capable de donner un contenu déterminé à l’au-delà, au surnaturel, à l’invisible, comment l’appeler ? Beaucoup fuient en entendant le mot « spirituel », mais cela ne veut pas dire que le souci du spirituel ne les habite pas. Le refus de lui donner un contenu explicite n’empêche pas la recherche de cette dimension qui, pour nous aujourd’hui, passe par l’imaginaire.


prochainement  suite de cet interview !!
"Où se situent l’artiste et l’œuvre d’art au sein de cette philosophie ?" 

samedi 9 novembre 2013

Suite et fin de la conférence d'Alain CHARLET

L'art est une fenêtre ouverte sur le mystère.

Tant de choses nous dépassent autour de nous, l'origine de notre univers, l'au delà de la mort, la signification de la souffrance et de la violence qui semble inscrite au cœur de l'homme,
 Dieu lui même que personne, hormis le Christ, n' a jamais connu et l'on pourrait ajouter à cette liste beaucoup d'autres sources d'étonnement et d'interrogation, pourquoi par exemple cet acharnement à vivre  et à se reproduire  chez tous les animaux et les végétaux, cet élan vital vers toujours plus de complexité ? 

De toutes ces choses, il est impossible et réducteur de n'en parler qu'avec des mots, les mots de tous les jours et c'est dans cette faille que l'art intervient pour ouvrir une fenêtre sur l'inexprimable,
le poète avec des métaphores, le musicien avec des sons, le peintre avec des images, le sculpteur avec des formes.

L'art est ainsi une médiation qui nous permet d'entrevoir une part du mystère.

On l'aura compris, mon propos dans cette réflexion n'était pas de parler d'un art religieux, au sens d’œuvres commanditées par l'église catholique ou toute autre confession, mais de parler du spirituel( certains diront du sacré) dans l'art.

Bien sur il existe fort heureusement des artistes qui s’intéressent au domaine religieux : mobilier d'églises, vitraux, architectures, musique...Mais il y a maintenant un consensus général pour qu'ils gardent leur entière liberté et ils rejoignent alors le cas général de la création.
 Et c'est dans cette création à laquelle participent tous les artistes qu'il faut discerner ce qui nous rejoint au cœur de nous même parce qu'il s'agit d'oeuvre authentiques , sincères, discrètes qui ne peuvent être qu'en accord avec ce qu'il y a de plus profond en nous.
Pour ces œuvres là, la route commence par le recueillement et le silence qui en est la condition.
Elle passe ensuite par l'interrogation devant le mystère de la création qui donne le désir d'en dévoiler une partie, d'en exprimer l'au delà  , avec de bien pauvres moyens: des pigments, de la terre, des pierres, des sons, arrangés par l'esprit et l’intelligence de l'artiste.

Dans la recherche d'une expression vraie, simple et limpide, il peut espérer toucher à l'infini mais les fausses pistes sont nombreuses: déversement des images et du bruit , provocations inutiles, recherche de l'originalité pour elle même, soif de répondre aux désirs du marché, utilisation de la polémique comme vecteur publicitaire, souci de servir une idéologie, spéculation...
A nous de faire le tri, en restant toutefois ouverts à la nouveauté, à l'élargissement du domaine de l'art, à l'abolition des frontières entre les différentes techniques car la créativité de l'homme est sans limites et il ne faut pas la brider mais au contraire s'en réjouir.  

Il est certain que si l'on passait toutes œuvres au crible des exigences que j'ai énoncées, il n'en resterait peut être pas beaucoup mais il faut évidemment nuancer cette hypothèse.
Certaines œuvres  moins exigeantes au départ, échappent à leurs auteurs par leur beauté, par leur adéquation mystérieuses à un site et deviennent chargées de spiritualité.  


prochainement l’interview  du philosophe Marcel GAUCHET

mercredi 30 octobre 2013

Suite de la conférence d'Alain CHARLET

L'art est rencontre avec les autres

L'art n'est seulement un moyen d'expression, il est fait aussi pour communiquer avec les autres , les "spectateurs" et cela d'une manière souvent imprévisible.

Le peintre SOULAGES exprime bien ce lien étrange entre l'artiste et celui qui reçoit l'oeuvre :

"Je peux évoquer cette statue mésopotamienne qui m'a un jour profondément touché.
Pourquoi ce granit noir m'a t'il  ébranlé au tréfonds de moi ? je suis étranger à l' homme qui l'a sculpté, étranger à ses mythes , étranger encore à ses idées et à sa religion . Alors que se passe -t-il ? "

On ne peut guère répondre à cette question de SOULAGES sauf en constatant que, oui vraiment l'art crée des liens entre les hommes au-delà de ce qui est prévisible , et au-delà des frontières et des siècles, bel exemple de la part de l'universel dans chaque homme.

Peut- être la musique, qui est à la fois rigueur et émotion, création personnelle mais interprétation collective, parfaitement abstraite mais tellement évocatrice, est-elle l'art qui illustre le mieux ce rapport entre le créateur et un public sans frontières.

 L'art est participation au mystère de la création.

                                                                     Dans le Monde des religions de Mars-Avril 2009,                                                                              Abdennour  BIDAR nous rappelle que pour les                                                                                    musulmans, la création participe à la beauté de Dieu                                                                        et que chaque être humain chaque chose en exprime                                                                        un éclat, un fragment, fragment d'une beauté suprême ,                                                                      d'une transcendance absolue.

Encore faut -il que nous soyons attentifs à cette beauté de la nature, des visages et des objets qui nous permettent de voir Dieu d'un regard neuf, à chaque instant de notre vie .  Et justement l'art aiguise notre regard car il nous fait faire l'apprentissage d'une vision qui va au-delà des apparences, qui nous fait reconnaître comme étonnamment belles des choses aussi simples qu'un morceau de bois décapé par la mer ou un galet strié de veinules- une vision toujours en alerte car la beauté est fugace: chaque instant compte , une fleur n'est pas la même le soir et le matin, au soleil ou dans l'ombre ..


prochainement , la suite et fin de la conférence sur  :
L'art est une fenêtre ouverte sur le mystère

mercredi 23 octobre 2013

Suite de la conférence d'Alain CHARLET

Pas d'authenticité sans liberté.

L'artiste ne doit être entravé par aucune règle, mais cette vérité si évidente a été l'objet d'un long combat pour la liberté contre les académismes, contre les conventions, contre le pouvoir des commanditaires ou des marchands ...combats jamais gagné d'ailleurs.

Combat aussi dans le monde même des artistes,
 entre la figuration et l'abstraction,
 entre le dépouillement et le lyrisme,
 entre le dessin et la couleur pure...

C'est cette liberté, chèrement conquise , qui a permis de révéler l'extraordinaire créativité de l'homme quand on ne lui impose aucune règle, pour le meilleur et pour le pire d'ailleurs.

En ce sens l'art abstrait est un tournant majeur, une véritable révolution: de la représentation de la nature magnifiée ou volontairement déformée (chez Picasso par exemple)  ou de l'art purement décoratif, on passe à une conception ou c'est le spectateur lui même qui doit faire le travail d'interprétation, de réception, pour faire vivre l'oeuvre  en lui, comme cela était dans le cas pour la musique.

C'est la raison pour laquelle les tenants de cet art  (Kim En Joong par exemple)  ne veulent plus parler de leurs œuvres, la décrire, de peur d’orienter notre perception. Ils se contentent de parler de leur technique, des conditions de leur création mais ne veulent surtout pas imposer une vision.

L'art numérique semble ouvrir encore un nouveau champ, un nouvel espace où tout ou presque tout reste à inventer . 

Prochainement la suite de cette conférence sur
"l' art est rencontre avec les autres 

mercredi 16 octobre 2013

Suite de la Conférence d'Alain CHARLET

Pas d'authenticité sans liberté.

L'artiste ne doit être entravé par aucune règle, mais cette vérité si évidente a été l'objet d'un long combat pour la liberté contre les académismes, contre les conventions, contre le pouvoir des commanditaires ou des marchands ...combats jamais gagné d'ailleurs.

Combat aussi dans le monde même des artistes,
 entre la figuration et l'abstraction,
 entre le dépouillement et le lyrisme,
 entre le dessin et la couleur pure...

C'est cette liberté, chèrement conquise , qui a permis de révéler l'extraordinaire créativité de l'homme quand on ne lui impose aucune règle, pour le meilleur et pour le pire d'ailleurs.

En ce sens l'art abstrait est un tournant majeur, une véritable révolution: de la représentation de la nature magnifiée ou volontairement déformée (chez Picasso par exemple)  ou de l'art purement décoratif, on passe à une conception ou c'est le spectateur lui même qui doit faire le travail d'interprétation, de réception, pour faire vivre l'oeuvre  en lui, comme cela était dans le cas pour la musique.

C'est la raison pour laquelle les tenants de cet art  (Kim En Joong par exemple)  ne veulent plus parler de leurs œuvres, la décrire, de peur d’orienter notre perception. Ils se contentent de parler de leur technique, des conditions de leur création mais ne veulent surtout pas imposer une vision.

L'art numérique semble ouvrir encore un nouveau champ, un nouvel espace où tout ou presque tout reste à inventer . 

Prochainement la suite de cette conférence sur 
"l' art est rencontre avec les autres 

vendredi 11 octobre 2013

suite de la conférence d'Alain CHARLET

L'art est recherche d'authenticité.


Charles JULIET a très bien exprimé cela dans l'un de ses journaux:

"les œuvres sont de trois sortes:
Les œuvres du beaucoup
Les œuvres du joli, de l'agréable, du plaisant techniquement parfaites et qui relèvent de l'artisanat d'art
Les œuvres du vrai qui sont aussi celles du beau"

Et il ajoute:" l'artiste en quête de vérité ne se soucie pas de beauté. Et puisqu'il n'en a cure, il la trouve et la libère car elle n'est autre que cette lumière qui émane du vrai."

N'y a- t -il  pas dans ces textes, une certaine analogie avec la parabole de la semence qui tombe sur différents terrains mais ne devient vraiment productive que si elle pénètre profondément dans la terre, comme la parole dans le cœur de l'homme? 

Quand on progresse dans cette voie du vrai, quand l' oeuvre devient plus profonde, elle devient plus simple, plus dense, plus classique, plus belle.
En écrivant cela , je pense à Fra Angelico qui nous touche parce qu'avant de peindre les choses du Christ, il vit avec le Christ 
 .Son art devient alors un témoignage qui parvient à la beauté par le talent, bien sur, mais aussi et surtout par l’authenticité, l'humilité et la simplicité. Si l'on compare son annonciation avec la cène de Léonard de Vinci on est effectivement frappé par la simplicité centrée sur l'essentiel
( la vierge et l'ange ) en opposition avec la complexité du tableau de Léonard de Vinci. 
Dans un cas on est au cœur d"un mystère , dans l'autre on est plutôt dans la virtuosité, le souci de la perspective et de la composition; le mystère n'est plus là. 

Il y aurait mille autres exemples à citer, mais je m'arrêterai uniquement sur l'une des œuvres ultimes de Matisse, la chapelle de Vence.


Voilà un artiste au faîte de sa gloire qui accepte de consacrer gratuitement trois ans de ses dernières années à la construction et à la décoration d'une chapelle. 
Et alors même que le graphisme devient parfois hésitant, surtout dans le chemin de croix.
Matisse s'est révélé à lui même sa propre vérité qui en quelque sorte dépasse ce qu'il avait imaginé au départ . Le tableau n'est plus que le fruit du vécu.


prochainement la suite de cette conférence sur: 
      De l'authenticité à la simplicité 

mercredi 2 octobre 2013

Art et spiritualité par Alain CHARLET



Maître de conférence Université d'Orléans 


Toute création est un témoignage d'humanité, mais parler de la spiritualité dans l'art c'est aller plus loin, c'est essayer de voir à partir de quelles exigences une oeuvre peut dépasser ce simple niveau d'humanité pour faire advenir ce qui dépasse l'homme, l'accès au mystère pourrait-on dire.

Cela exige des artistes une ascèse proche de celle de la prière car on leur demande d'aller au plus profond d'eux mêmes.à leur source.pour livrer une oeuvre authentique , vraie, simple. En contrepartie nous devons leur accorder une liberté totale dans leurs modes d'expression.
Ces œuvres là auxquelles je fais allusion dans mon article dépassent donc le cercle trop étroit de l'art sacré au sens où il serait limité aux créations inspirées par des thèmes religieux.
A titre d'exemple voici le dernier tableau de Nicolas de Staël   , "le Concert" peint juste avant son suicide .Il me semble que ces instruments sans musiciens sont comme un cri de détresse, le signe d'une grande tristesse malgré les couleurs flamboyantes.




"le Concert" de Nicolas de Staël 

"Tard je t'ai aimé,Beauté si ancienne et si nouvelle, tard je t'ai aimé! Mais quoi ! Tu étais au-dedans de moi et j'étais, moi en dehors de moi même. Et c'est au dehors que je te cherchais..."         Saint Augustin 

Ce très beau texte d'Augustin nous met d'emblée au cœur du mystère de l'art pour un chrétien. C'est  au -dedans de soi, dans le silence , qu'il faut chercher la beauté et l'inspiration: impossible de peindre, de composer de sculpter si l'environnement n'est pas favorable et si le cœur lui même n'est pas en paix.
Il y a au fond une grande analogie avec la prière: A quoi servait pour les bénédictins ou les cisterciens, la beauté de la pierre et de la lumière, le grand isolement du site, la pureté et la simplicité de l'architecture, sinon à trouver le silence, le chemin de la prière et de la contemplation
:"Nous vivons comme dans une ville, et cependant aucun tapage ne nous empêche d'entendre la voix de celui qui crie au désert, si du moins à ce silence extérieur, correspond notre silence intérieur..."    Guerric d'Igny  

et Bernard de Clairvaux ajoute:

"Tu désires voir, écoute d'abord. L'audition est degré vers la vision.aussi  écoute et incline ton oreille, afin que par obéissance de l’ouïe, tu parviennes à la gloire de la vision."

Le silence et la paix intérieure constituent l'espace dans lequel on peut accéder au mystère, par l'intermédiaire de la prière pour certains et de l'art pour d'autres.
L'art comme la prière touche donc à ce qu'il y a d'immatériel dans l'homme ce que les chrétiens appelle le "sacré" ou le "spirituel" .......

suite de l'article la semaine prochaine 
sur   "l'art  recherche d'authenticité"

samedi 21 septembre 2013

Les journées européennes du patrimoine dans le chaourçois


Par la rédaction pour l'est éclair, Publié le 13/09/2013 



 SAMEDI 14 ET DIMANCHE 15 SEPTEMBRE - Comme chaque année, à la rentrée, les Journées du patrimoine sont le rendez-vous à ne pas manquer
Le canton de Chaource ouvre ses portes au public, ce week-end, dans le cadre des Journées du patrimoine. 
Le visiteur pourra se laisser surprendre par la diversité des domaines culturels : rural, architectural… L'héritage transmis permettra de découvrir les fondements des sites de la région, mais aussi, de comprendre le fonctionnement de la Champagne.


Quatre églises à découvrir 

Et pour prolonger l'ouverture de certaines églises du Chaourçois,


 dans le cadre des manifestations estivales 

« L'art sacré d'hier et d'aujourd'hui- saison 2013 »,

Eglise de COUSSEGREY
 le public pourra profiter des journées du patrimoine pour découvrir 
quatre églises du Chaourçois :

 l'église Saint-Edme de CHASEREY
 l'église Notre-Dame-de-l'Assomption de COUSSEGREY
l'église Saint- Léger de CUSSANGY
et
 l'église Saint-Martin de LIGNIERES

 Les édifices seront ouverts au public de 10 h à 18 h, ce samedi et ce dimanche. Des supports de visites seront à disposition à l'intérieur des églises.

Et aussi dans le canton… 
D'autres rendez-vous sont à noter dans le canton. À Étourvy, l'association Domaine Saint- Georges fait découvrir le patrimoine stolvicien.
 Parcours de visites commentées. Infos 06 64 63 92 39 ou : http://patrimoinesaintgeorges.blogspot.fr 
 Toutes les informations sont sur le site de l'office de tourisme : 
www.tourisme-en-chaourcois.com   ou au 03 25 40 97 22.

le vendredi 30 août,dernière rencontre autour de l' art sacré en chaourçois

.

En l'église de LIGNIERES

le spectacle intitulé 

 "expressions du cœur et mouvements du corps" 
a rassemblé 

  Aida REVOL à la danse, Alexandre DELAOUTRE à la musique et
 Valentina VITALE pour la voix,

 du groupe   ZAOM 77. 

Sur des musiques notamment du regretté Michel MAGAT, disparu il y a bientôt 3 ans,
 mais aussi du groupe lui même,
 ZAOM 77  s'inspire d'auteurs du Moyen- Age à nos jours.

Michel MAGAT en est la source sonore.


ZAOM 77 se consacre tout au long de l'année à la composition d’œuvres inspirées constamment par de nouveaux auteurs et de nouvelles collaborations musicales.

le trio ZAOM 77 dans la danse du "voile du silence"
En duo, trio ou quartet, ZAOM 77 se produit aussi bien dans les salles de concert que dans les lieux atypiques tels que le salon d'un particulier, une grotte ou une chapelle .
Ainsi tout à la fois intense et sans violence,foisonnant et dépouillé, réfléchi et spontané, 
ZAOM 77 tente l'éloge de la lenteur , de la fragilité, du détachement, de l'émerveillement .

cette dernière soirée de cette saison 2013 a eu lieu en l'église de LIGNIERES, qui a été "ouverte" exceptionnellement pour ce spectacle.



samedi 24 août 2013

ZAOM 77 A travers Temps

                   en concert en l'église de CUSSANGY 
                        le vendredi 23 août à   20h30

  avec 

Valentina VITALE voix, baton de pluie, bols
Alexandre DELAOUTRE  voix, claviers, cordes, harmonium, hang, bols, percussions


Valentina VITALE et Alexandre DELAOUTRE forment le duo électro-acoustique ZAOM 77 



Valentina VITALE Alexandre DELAOUTRE en concert hier soir 





                                      La forte identité artistique de  ZAOM 77

                                                 et reconnaissable par : 


-les voix charnelles

-les langues chantées originelles(japonais, persan, russe, kashmiri, latin,italien,      arabe,allemand,albanais,anglais, français...)et aussi l'Eolien, langue inventée

- ses instruments intuitifs(monocorde, gongs,bols,kalimba, tambours...)

-les textures harmoniques des claviers

-la bande- son (sons captés dans la nature et sons inédits dessinés en studio)traités comme  un instruments à part entière

-le choix des Auteurs.



LES AUTEURS 

François d'ASSISE, RUMI,  Jacopone da TODI,

 Angèle da  FOLIGNO,  DANTE , RYOKAN,  RILKE , LALLA,  Le pèlerin russe,  AK'ABAL,

BOBIN, André CHEDID,  SATPREM,

       Pierre RABBHI,  Khalil GIBRAN,.....
..

.
tous animés d'un même souffle.

Aux quatre coins du monde,
ces hommes et ces femmes se sont dressés dans leur lumière pour incarner
 d'autres possibles, loin de l'avoir et du paraître,
 ils ont cherché à être pleinement eux-mêmes
 avec les autres et en paix.





samedi 17 août 2013

J.S BACH "l'âme du violon" par Marie CHARVET

Vendredi 16 août 20 h 30 en l’église de Cussangy



        Récital de violon              

             
Programme :
                        3ième Partitas BWV 1006 pour violon seul
- Prélude
- Loure
- Gavotte en rondeau
- Menuet 1-2
- Bourrée et gigue

                     1ière Sonate BWV 1001   pour violon seul

- Adagio
- Fugue
- Sicilienne
- Presto


Comme à chaque début d'évènement
il est présenté au public la finalité de cette manifestation

                        Ouvrir les églises du chaourçois

                        Permettre la découverte des édifices religieux , 
                        par l’organisation événements, artistiques et culturels

                        Sensibiliser les responsables de ces lieux : les municipalités,
                         les prêtres affectataires    les personnes relais des villages et le public 

                        réfléchir sur la question " ouvrir ou pas nos églises ,
                                                                    comment cela peut il se faire"  ?


                           Dans une atmosphère magique, lumineuse, vibrante d’émotion

                                      Plus de 120 personnes se sont laissées éblouir !!
     

Marie CHARVET


Marie CHARVET Virtuose, par son talent d’un niveau étonnant
par sa simplicité qui crée une SECONDE harmonie qui dépasse celle des notes et de la justesse
Une harmonie qui enveloppe chacun dans une mystérieuse rencontre en soi, collective voir universelle
Appel à nous laisser surprendre, à nous laisser pénétrer par ce grand compositeur 
JS Bach
Mais je dirais aussi et surtout par l’interprétation sublime et humble. de Marie CHARVET

L’ovation n’a pu se contenir.
 lorsque le dernier souffle musical a comblé  de silence  l’espace sacré 
L’assemblée s’est levée  et les applaudissements furent l’écho fidèle  des battements de  nos cœurs.  
  .
Autour du verre de l’amitié proposé par Monsieur le Maire et de son conseil municipal

et tard dans la soirée

là  sous une voûte étoilée , l’émerveillement nous retenait encore un moment sur le parvis de l’église
Temps d’échange, de partages,  se créent sous l’effet de la magie et de la musique

Chacun a pu repérer un instant l’ invisible  présence que l’art  manifeste en chacun de nous ,

comme  un désir qui peut se libérer, un désir de vie et de beauté .....