lundi 30 décembre 2013

Igor MITORAJ sculpteur

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Mitoraj ne choisit que les blocs de marbre blanc afin de conserver l’idée de pureté sans chercher à distraire par la joliesse ou l’effet facile du marbre coloré.
Une pureté qu’il cherche également à évoquer par l’utilisation d’autres matériaux tels la terre cuite ou le bronze, pour retrouver la volonté de perfection qui animait les anciens:
Dans une sculpture existentialiste, Mitoraj recherche la compréhension de la vie, de la mort; les bandelettes symbolisent les liens, la souffrance, les morsures qui écorchent l’homme mais ne constituent pas son seul univers. Il réinvente alors « un nouveau rapport entre les sensations vécues du quotidien et l’esthétique d’un drame qui met en scène l’homme face à son éternité ».

«La vraie nature de l’homme est de retrouver l’homme tel qu’il est: bien que conscient de toutes les déviations de l’esprit qui le conduisent au crime, à la guerre, à la drogue, je choisis de glorifier la beauté.

Nous ne sommes pas tous perdus ni déracinés et il reste beaucoup d’espoir, je voudrais alors que mes sculptures soient des objets de contemplation qui deviennent familiers et permettent de se retrouver soi même par la confrontation avec l’idée de perfection».

vendredi 20 décembre 2013

existe t-il un art sacré ?


La difficulté principale ne se situe-t-elle pas dans ce à quoi renvoie l’adjectif « sacré » ? 


Première hypothèse : s’il se relie directement à « art », ou bien nous parlons d’une forme artistique qui a connu un plein épanouissement durant la période médiévale ou bien nous affectons à l’activité artistique une dimension toute spéciale qu’il nous faudra définir.


 Seconde hypothèse : « sacré » détermine non pas une technique ou un savoir-faire propre à l’être humain mais l’accès au divin, à l’absolu, à la transcendance. En quelque sorte un art vers le sacré. Ce décalage de sens ne permet-il pas de mieux envisager l’art en tant que tel et d’offrir une passerelle enrichissante entre le profane et le sacré ?  

samedi 14 décembre 2013

Du spirituel dans l'art !

    Promenade au bord du vide…  
Le vide médian comme lieu et condition
de la communication 
entre l’humain et le divin
François Darbois 


L’homme est un être communiquant, c’est le donné fondamental de son mode d’existence dans le monde. Mais nous pouvons communiquer de bien des manières : par le geste, la parole, l’image, la sexualité, l’art, l’écriture, la peinture ou le musique. Nous pouvons communiquer avec autrui, mais également avec soi-même, avec Dieu, qu’il soit au dehors ou au-dedans de nous, cet au-delà de soi-même. La méditation par exemple est un chemin vers la communication avec soi même et avec le divin au plus profond de soi. Comme le disait Yehudi Menuhin : «  Il n’est pas nécessaire de méditer au nom de Jésus, de Bouddha ou de quoi que se soit. Il suffit de méditer. » Tout simplement. Méditer est un acte de communication de soi-même avec sa propre conscience. « Si on médite au nom de quelqu’un, l’on n’est plus vraiment libre. Disons que c’est une forme de prière, de religion, de soumission… Très peu pour moi ! » écrit André Compte Sponville. « Méditer au nom de Jésus ou de Bouddha, c’est toujours s’éloigner de ce que Simone Weil appelait « l’attention pure ». Cette prière ne demande rien, elle est sans mot, « pure présence à la présence ce que l’on peut vivre de plus haut en matière de spiritualité ».

 Mais, si cette communication humaine est nécessaire pour vivre ici maintenant ensemble, l’essentiel est son accomplissement dans une communion des personnes. La communication n’est pas un absolu ni un nouveau dieu qu’il nous faudrait adorer et servir comme le prétendent les média, la publicité et tous les pouvoirs politiques ou religieux. Sinon ce nouveau dieu ne manquerait pas de nous asservir, comme c’est le cas avec la musique chez beaucoup de nos jeunes aujourd’hui. On pourra toujours prendre ses distances dans un regard purement critique et extérieur sur la communication humaine, on s’expose à ne pas la comprendre dans sa profondeur spirituelle si on ne discerne pas ce pour quoi elle est appelée dans son être profond. L’extériorité de toute communication n’est qu’un moyen vers un but plus intérieur, être ensemble rassemblé dans la vérité, la liberté et le respect de chacun.

L’expérience spirituelle de même ne peut s’entendre qu’au dedans et à travers l’expérience d’une vie humaine. De même l’expérience humaine de la communication ne peut se comprendre sans cette dimension spirituelle de la communion des consciences. Comme toutes les grandes œuvres d’art, on ne peut les comprendre vraiment qu’en entrant soi-même dans l’émerveillement qui les a vu naître, comme l’exprime Rainer Maria Rilke : « La solitude qui enveloppe toutes les œuvres d’art est infinie, et il n’est rien qui permette de moins les atteindre que la critique. Seul l’amour peut les appréhender, les saisir et faire preuve de justesse à leur endroit. » Sans ce vide médian, fait de silence et de détachement dans la communication elle-même, son accomplissement humain dans la communion des personnes ne peut advenir. La communion est le but fondamental d’une communication véritablement humaine, sinon c’est de la communication pervertie et bafouée à des buts simplement commerciaux, politiques ou religieux.



darbois.francois.free.fr/publications.../promenade_au_bord_du_vide.htm




mercredi 4 décembre 2013

L'art substitut du sacré suite..

La musique est-elle l’art du sacré ?

Deux arts ont une connexion particulière avec le sacré : la musique et l’architecture. Cette dernière renferme un sacré hypothétique de par sa fonction d’habitation. La musique est son, elle est délivrée du contenu intelligible, c’est un art pur de l’évocation, comme d’ailleurs l’architecture. Qu’y a-t-il derrière le bâtiment ? On n’en sait rien. La peinture ne peut pas être dans l’évocation pure qui est le registre de la musique.
Ce qui compte dans les cantates de Bach, c’est la musique et non le texte. Le miracle de cette musique religieuse, c’est qu’on peut être le plus athée, le plus agnostique, le plus indifférent à toute dimension religieuse consciente, et pourtant le sens religieux de ces œuvres parle à n’importe qui aujourd’hui encore.

Vous valorisez l’art comme substitut du sacré mais l’art est-il possible dans un monde désenchanté ?


Le désenchantement désigne l’absence de religieux, or quelque chose résiste. Ce quelque chose est exemplairement évoqué par l’art. L’histoire de l’art occidental témoigne d’un phénomène déterminant qui explique la crise actuelle de l’idée d’art. Sur une très longue durée, l’art se développe à l’intérieur de la religion, il s’autonomise tout en entretenant une énorme connivence avec sa source religieuse – regardez la part gigantesque d’œuvres religieuses dans le répertoire musical ; des compositeurs qui n’avaient rien de dévot ont voulu écrire de la musique religieuse-, il emprunte énormément de l’image de ses pouvoirs, il fournit une sorte de succédané profane au religieux.
Dès lors que l’on raisonne dans cette perspective, on comprend que l’art va profondément souffrir de la déperdition d’emprise du religieux. Au fur et à mesure que le religieux recule, on peut dire que la magie, le prestige, le charme – vous aurez noté que tous ces termes sont d’origine religieuse – des arts s’estompent.
Si l’on essayait de donner une définition brève de la crise de l’art aujourd’hui, je crois que la meilleure consisterait à dire que l’art ne peut plus emprunter au religieux et qu’il doit inventer par lui-même les moyens de ce commerce avec l’invisible, uniquement à partir de son propre fonds, ce qui est évidemment une tâche redoutable. L’éclipse du religieux rend la tâche de l’art beaucoup plus difficile mais en même temps le rend encore plus irremplaçable.


Pour beaucoup de gens aujourd’hui, la vie dans l’art est un moyen de vivre religieusement sans se l’avouer. On trouve dans le monde de l’art une dévotion, une implication spirituelle profonde sans que les acteurs en soient forcément conscients

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